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30 Mar

Le fleuve

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Inclassables

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/7/77/La_Fleuve_1951_film_poster.jpg« Le premier amour doit être le même partout. Mais ailleurs, il aurait un parfum différent »

Harriet, une jeune anglaise expatriée, vit avec son petit frère, Bogey, et ses trois sœurs cadettes dans une grande maison de la région de Calcutta en Inde. Son père dirige une manufacture de toile de jute tandis que sa mère s’occupe de la famille et attend un sixième enfant.

Un jour d’automne, le ‘Capitaine John’ rentre de la guerre et vient habiter une maison voisine. Invité à une fête, il y rencontre Harriet, ainsi que Mélanie une belle métisse indienne et Valérie. Les trois jeunes filles vont toutes trois tomber sous le charme du bel étranger…

« Personne n’est laid. Quand on regarde bien, on voit de la beauté partout »

FLEUVE1_t.jpgJean Renoir ou la malédiction de l’artiste incompris. Après l’échec de sa « Règle du jeu » en 1939, pourtant reconnu depuis comme l’un des plus grands chefs d’œuvre du septième art, le cinéaste quitte la France en 1941 pour rejoindre Hollywood. Malheureusement pour lui, en dépit de sa renommée et de son talent reconnu, il ne parviendra pas à s’adapter aux exigences et aux méthodes des studios qui se contentent de lui confier des films de commande de série B. Après un dernier échec américain (« La femme sur la plage »), il est remercié par la RKO qui va jusqu’à la dédommager afin qu’il ne tourne pas le dernier film prévu par son contrat. C’est alors qu’il découvre « Le fleuve », un roman de Rumer Godden, une romancière anglaise installée en Inde et dont les écrits ont déjà inspiré « Le narcisse noir » à Powell et Pressburger. Peu satisfaite du résultat, elle refuse de voir un autre de ses romans porté à l’écran et Renoir use de nombreux subterfuges pour réussir à la convaincre. Reste que les studios ne sont pas intéressés par le sujet et que les financements manquent. Et avec eux, les stars. Renoir rêve de confier le rôle du capitaine à Marlon Brando, il sera finalement obligé de confier le rôle à un acteur amateur, après avoir essuyé un dernier refus de Mel Ferrer. Tourné durant plus de six mois sur les bords du Gange, le film restera comme le premier film en Technicolor de Renoir et le premier film en couleurs tourné en Inde. A noter que Renoir prendra comme assistant un certain Satyaijit Ray, qui deviendra peu de temps après l’une des figures majeures du cinéma indien. « Le fleuve » a été récompensé du Prix international de la Mostra de Venise en 1951.

« Je ne sais pas à quel monde tu appartiens »

17971_River-The-Renoir-2.JPGEtouffé par les studios hollywoodiens, Jean Renoir retrouve sur le tournage du « Fleuve » une totale indépendance à laquelle il n’avait pas goûté depuis près de dix ans. Ce film est donc une véritable libération pour le cinéaste, qui nous invite à cette occasion à un voyage initiatique au cœur de l’Inde. D’apparence assez tranquille, ce « Fleuve » est plus tortueux qu’il n’y parait. Pour preuve, celui-ci est constitué en fait de deux films distincts. Le premier, inspiré du roman de Rumer Godden, est consacré aux premiers émois amoureux de trois jeunes filles qui voient débarquer un jeune vétéran américain. Le second, lui, prend la forme d’un documentaire sur l’Inde, nous initiant à sa culture, ses us et coutumes et ses croyances. La passion et la raison, donc, qui par un tour de force se retrouvent imbriquées ensemble de façon complémentaire et indissociable. Qu’importe finalement que l’intrigue sentimentale ou que la chronique familiale paraissent désuètes : « Le fleuve » est un film d’ambiance, une expérience sensuelle et sensorielle, une ballade exotique magnifiée par l’utilisation du Technicolor dans laquelle on se laisse volontiers porter. A ce titre, le fleuve dégage quelque chose de rassurant : il est un lien entre les hommes, un refuge, une artère de vie. Il est aussi le symbole séculaire du cycle de la vie, où se côtoient la vie et la mort (la mort du petit frère fait place à la naissance à venir d’un autre enfant), et qui nous rappelle comme dans les croyances hindoues que tout n’est qu’un éternel recommencement. S’il n’est pas véritablement passionnant sur le fond, « Le fleuve » de Renoir n’en demeure pas moins une œuvre visuellement magnifique et une expérience pour le moins envoûtante.

  27449907.jpg    FLEUVE3_t.jpg

Le Blu-ray : Distribuée par Carlotta Films, cette riche édition propose le film en VO et en VOST français. Elle est accompagnée d’une interview de Martin Scorsese (qui est à l’origine de la restauration du film), qui nous explique son amour pour le film et pour l’œuvre de Renoir. On y trouve également le passionnant documentaire « Autour du fleuve ». D’une durée d’une heure, celui-ci retrace la genèse du film ainsi que de son tournage en s’appuyant sur les témoignages des derniers survivants de l’équipe (le producteur décédé depuis, un caméraman, ou encore Radha, l’une des jeunes actrices du film). Une partie BD-Rom compile encore quelques documents relatifs au film. Le blu-ray et le dvd du « Fleuve » sont disponibles dans les bacs depuis le 21 mars 2012.

Découvrez d’autres oeuvres sur Cinetrafic dans la catégorie amour impossible ainsi que celle consacrée au Film d amour.

Un grand merci à Cinetrafic et à Carlotta Films !

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B
<br /> En effet, un très beau film avec une histoire très superbe sur des couleurs et des images magnifiques et une musique envoutante. Les actrices sont excellentes, dommage qu'elles n'aient contiuné<br /> leurs carrières.<br />
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C
<br /> Une belle nouvelle édition, pour un très beau film, dans la lignée, effectivement, du Narcisse noir, déjà somptueux...<br />
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O
<br /> Non pas une expérience sensorielle, mais un film bel et bien passionnant ! Et le voir après Le narcisse noir nourrit la réflexion !<br /> <br /> <br /> Critique à venir chez nous.<br />
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B
<br /> Encore un film qu'l va falloir que je découvre !<br />
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!